La domus du musée

La découverte de la domus

C’est le vendredi 23 mars 1934 que des ouvriers découvrent une importante domus – une maison gallo-romaine – alors qu’ils entamaient un chantier de construction à Vidy. Au centre de celle-ci, ils mettent au jour des fresques remarquablement bien conservées et encore en place contre les murs. 



Frédéric Gilliard relève les peintures murales découvertes en 1934 dans une domus sur laquelle sera construit le musée romain de Lausanne-Vidy afin de les protéger.

Devant l’importance de cette découverte (les peintures murales sont alors considérées comme les mieux préservées de Suisse), l’Association du Vieux-Lausanne rachète le terrain et y fait bâtir un pavillon qui permettra la conservation de ces vestiges mais également de présenter au public les découvertes archéologiques faites à Vidy. Ce petit musée sera remplacé dès 1993 par l’actuel musée romain de Lausanne-Vidy dans lequel ces fresques sont toujours observables.



Ancien musée romain de Vidy.


Présentation des collections dans l'ancien musée romain.

La domus à l’époque romaine

Cette domus, construite en pierre aux environs de 70 après J.-C., fait suite à d’autres bâtiments existant depuis plus de 80 ans bâtis, quant à eux, en matériaux périssables tels que du torchis, du bois ou des briques crues. Elle a subi principalement trois phases de transformations avant d’être abandonnée vraisemblablement à la fin du 3ème siècle.

À la fin du premier siècle de notre ère, le propriétaire de la future domus s’approprie un terrain de près de 2000 mètres carrés sur une insula – un îlot de maisons – du vicus de Lousonna, qui, elle, s’étend sur 6000 mètres carrés. Exprimant par ce biais l’étendue de sa fortune, cet homme fait construire une vaste maison qui est partagée en deux parties bien distinctes, d’un côté les affaires publiques qui regroupent les activités artisanales et commerciales et de l’autre les affaires privées et la vie domestique de la famille.



Emprise de la domus sur son insula antique.

Son aménagement

À ce premier stade d’occupation, les pièces d’habitation, dont l’une est la « chambre peinte » observable dans le musée, sont regroupées dans deux corps de bâtiments qui s’organisent autour d’une cour-jardin. Cette cour sera transformée dans la seconde moitié du 2ème siècle pour devenir un atrium – une cour tétrastyle à ciel ouvert – au centre duquel se trouve le puits que l’on peut également voir dans le musée. À cette même période, d’autres transformations sont entreprises, un bain privé, chauffé par le sol, voit le jour et on rehausse certains sols qui se sont affaissés suite au tassement des matériaux de comblement d’un fossé entourant un tumulus de l’âge du Bronze (XI-Xème siècle avant J.-C.) sur laquelle a été construite la maison.

Au sud de la domus s’étend une cour qui s’ouvre sur la rue par une porte suffisamment large pour faire passer un char. L’aménagement de cette cour n’est pas connu mais l’on suppose que des remises, des hangars ou des écuries devaient y prendre place.

Bien qu’elle occupe une grande surface, la partie privée de la domus n’est pas si étendue, le nombre réduit de pièces attestées par les vestiges archéologiques implique assurément la présence d’un, voire deux étages supplémentaires qui abritent des chambres à coucher mais très probablement un séjour au sommet d’une tour à l’architecture monumentale qui servait également, en plus d’être l’entrée principale de la domus, de lieu de représentation où le propriétaire accueillait ses visiteurs.



Coupe sud-nord à travers la domus du musée.

La « chambre peinte »

Toutes les pièces de la maison devaient être décorées de peintures murales ; celles de l’une de ces pièces, appelée la chambre peinte, ont été exceptionnellement préservées du fait que lors du rehaussement du sol de cette pièce, le bas de la paroi a été enfoui et protégé.

Partout dans l’Empire la peinture murale suit un schéma de division tripartite avec une zone supérieure, une zone médiane à hauteur d’yeux et une zone basse. La décoration de cette pièce, typique des années 70 de notre ère, faisait alterner panneaux rouges à traits d’encadrement blancs et interpanneaux noirs, vraisemblablement porteurs d’ombelles, en zone médiane. La zone basse, quant à elle, voit alterner panneaux larges jaunes ou noirs décorés de touffes de feuillages verts et panneaux étroits rouges, séparés les uns des autres par des filets blancs. Cette peinture est suffisamment bien conservée pour permettre une restitution globale du décor de la pièce qui était un triclinium –une salle à manger –.​​​



Restitution du décor mural de la "chambre peinte" de la domus du musée.